Teaser de la création dont la première au eu lieu les 1 & 2 février 2017
au CDC Atelier de Paris Carolyn Carlson en partenariat avec le Festival Faits d'Hiver
L’installation sculpturale que propose le scénographe Matthieu Stefani pour D’OEil
et d’oubli – une structure composée d’une cinquantaines de modules de bois aux quatre
modèles différents, pouvant s’encocher l’un dans l’autre avec une multitude de
possibilités – sert d’assise à l’écriture chorégraphique de Nans Martin. Un entrelacs de
traversées de souvenirs intimes est orchestré par le chorégraphe avec la volonté de
dépassement : de l’insoutenable deuil de la souffrance individuelle à la réconfortante
consolidation des liens subsistants. Cette polyphonie d’états de relèvement – une
potentielle métamorphose transcendante – s’incarne dans la modularité née de la
conception paramétrique du dispositif scénographique, de même que dans son « entreforme
» générée par la manipulation des danseurs au cours de la progression spatiotemporelle
de la pièce. Ce combinatoire quasi-infini ouvre un passage de locus à topos :
un espace potentiel nourri d’une pensée d’Open culture participative.
Au commencement, l’installation prend la forme d’une cathédrale appelant, avec
l’espoir d’apaisement et de reconstruction, au rassemblement, faisant écho à la devise de
la création chorégraphique : plus fort que de simple oubli, c’est l’être-ensemble. Tout au
long de la pièce, le dispositif sera transformé par les danseurs. Cette opération peut se
résumer comme il suit : du vertical à l’horizontal : l’aplatissement étant accompagné de
la suppression des obliques ; puis l’émergence d’un dédoublement – à partir de la
matrice dont la composition initiale comporte des biais – étant lui structuré seulement
par des croisements perpendiculaires. Au final, ces deux entités transfigurées s’uniront,
toutes les pièces posées à plat, par terre, sans plus être encochées, mais juste reposant
tête bêche, libres, tissant une étendue fertile.
Métaphore de ces interprètes d’abord isolés puis rapprochés et reliés, chaque
module de Matthieu Stefani est un élément de re/construction, de re/fondation ; chaque
encoche, possibilité de connexions, de renforcement. Le système d’encoches, un moyen
de se soutenir, de se fixer, de ne pas se lâcher, montre pourtant implicitement un
manque, une plaie encore ouverte dans chaque partie constituante. Dans une structure
montée-encochée, chaque pièce a toujours besoin de l’autre pour être stabilisée. Posée
par terre, ce mécanisme perd sa fonction de montage structuré, mais ces encoches vides
deviennent des brèches d’où sortiront des nouvelles pousses de vitalité.
La plastique de la scénographie reflète la narrativité de cette danse-journal
intime : d’une part, la matérialité bien présente du dispositif forme un point d’ancrage
face à l’instabilité du psychisme de chacune de ces existences vidées de toute matière. En
soulevant le poids d’une planche, ils s’allègent du fardeau de l’invisible et immesurable
tristesse. Ce chantier de décomposition et de recomposition, une fois entrepris, devient
l’objectif commun de ces individus dispersés. D’autre part, les couches de contreplaqué
constituant la planche suggèrent une dimension unitaire et constitutive d’un ensemble,
un pouvoir sédimentaire de fondation, ou encore une image de strates géologiques, la
mémoire d’une chronologie des vécus, le déploiement d’une topographie mentale.
Comme une double fugue, chorégraphie et scénographie se suivent, se répondent,
s’illustrent et s’enrichissent, offrant de plus denses interprétations. En harmonie, ces
deux lignes mélodiques se superposent : le mouvement de l’une annonce le changement
de l’autre ; la métamorphose de celle-ci présage la redisposition miroitée de celle-là. Les
danseurs tracent une carte pour naviguer dans leur psychisme, leurs traversées
dessinant les lignes d’un échiquier. Tandis que Matthieu Stefani se présente comme un
cavalier performant une dialectique triangulaire – l’imaginaire né du rationnel, le
construit s’adonnant au fragmentaire, l’éternel gravé dans le passager. Tel un géographe
qui emploie un système de coordonnées cartésiennes, c’est un scénographe qui parle
avec l’ordonnée, l’abscisse et la cote. Il installe sur le plateau un univers plastique
rationnel et minimaliste, mais laissant toute possibilité aux corps fluides des danseurs
de le remodeler et de le dépasser.
La scénographie in-situ et évolutive de Matthieu Stefani se présente comme un
allié, un appui et un pont dans D’OEil et d’oubli : un pont sur scène, au-dessus d’une zone
de marais stagnante, un brumeux non-site des souvenirs s’effaçant inexorablement. Elle
est un pont, hors scène également. Par sa morphologie vouée au devenir, elle assure le
rôle d’interlocuteur et de catalyseur du processus de la création chorégraphique,
préparant un lieu favorable à son éclosion.
Ces modules de contreplaqué, plus proches d’éléments de construction que d’un
accessoire facilement manipulable, défient la gestuelle des danseurs, cisèlent leur
grammaire du langage en mouvement. Les interprètes et l’espace scénique se
transfigurent mutuellement : ils s’actionnent, se redessinent et se redéfinissent. Un
processus organique s’opère entre ces deux matières de création : le corps et le matériau
plastique - dans sa forme comme dans son « informe » ; moins dans son contenu mais
plus dans son « incontenu ».
C’est une scénographie qui sait converser avec cet art vivant, tout en étant
plastiquement autonome, insoumise et saisissante. Pour D’OEil et d’oubli, Matthieu
Stefani a créé un lieu osmotique, un deuxième plateau qui s’étend au-delà des confins
physiques de l’espace scénique. Les danseurs se déplacent tout en déplaçant la
scénographie ; ils activent l’espace autour d’eux, de même que ce « site » pour soi,
recherché dès le début, finira par les habiter. Cette synergie générée, un duo réussi. Un
geste scénographique sobre mais suffisant, un défi accompli.
D'oeil et d'oubli est la troisième pièce du chorégraphe Nans Martin, écrite en collaboration avec six danseurs et danseuses, et dans laquelle il danse. Leur évolution consiste notamment à activer les volumes et les niveaux d'une grande forme conçue par Nans Martin et le plasticien scénographe Matthieu Stefani. Gérard Mayen s'entretient avec Nans Martin des enjeux D'oeil et d'oubli.
Conception et Chorégraphie : Nans Martin
Collaboration et Interprétation : Guillaume Barre, Perrine Gontié, Rémi Leblanc-Messager, Claire
Malchrowicz, Nans Martin, Sylvain Ollivier, Joan Vercoutere
Musique Live : Sylvain Ollivier
Lumière et Régie : Sébastien
Lefebvre, Claire Charliot
Scénographie : Matthieu Stefani
Stylisme et Costume : Sarah Lakhtara
Conception et Chorégraphie : Nans Martin
Collaboration et Interprétation : Guillaume Barre, Perrine Gontié, Rémi Leblanc-Messager, Claire
Malchrowicz, Nans Martin, Sylvain Ollivier, Joan Vercoutere
Musique Live : Sylvain Ollivier
Lumière et Régie : Sébastien
Lefebvre, Claire Charliot
Scénographie : Matthieu Stefani
Stylisme et Costume : Sarah Lakhtara
Chorégraphie : Jean-Christophe Maillot
Musique : Piotr Ilitch Tchaïkovski
Scénographie : Ernest Pignon-Ernest
Costumes : Philippe Guillotel (création), Jérôme Kaplan (nouvelle production 2016)
Lumières : Dominique Drillot
Video : Remi Lesterle et Matthieu Stefani
Avec la participation de l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo sous la direction de Nicolas Brochot
Texte: Stefano Massini
Traduction : Irina Brook & Renato Giuliani
Mise en scène : Irina Brook
Les Eclaireurs : Kevin Ferdjani, Marjory Gesbert, Issam Kadichi, Irène Reva
Lumière : Alexandre Toscani
Son : Guillaume Pomares
Vidéo : Gaëlle Simon rap Prosper Jemmett
Costumes : Patricia Guiraud
Scénographie complice : Matthieu Stefani
Chorégraphie : Emma Levis
Collaboration artistique : Camille Cousy
Production Théâtre National de Nice -
18.11.16 au 26.11.16
Chorégraphie : Josette Baïz
Musiques :Jean-Jacques Palix,Robin Rimbaud - Scanner, Mathieu Maurice…
Costumes: Claudine Ginestet
Scénographie et Lumières: Dominique Drillot
Images 3D et vidéos: Dominique Drillot et Matthieu Stefani
Création à Marseille, Théâtre du Merlan
3 novembre 2016
Chorégraphie : Lucinda Childs
Musique: Ten Hold
Scénographie, Costumes et Lumières: Dominique Drillot
Vidéo: Dominique Drillot & Matthieu Stefani
Création à Arnhem (Pays-Bas) Schowburg
6 février 2015
Ébauche 3D et maquette de restitution
Mise en scène, scénographie,
création visuelle : William Kentridge
Scénographie : Sabine Theunissen
Costumes : Greta Goiris
Création lumières : Herman Sorgeloos
Montage vidéo : Snezana Marovic
Opératrice vidéo : Kim Gunning
Baryton : Matthias Goerne
Piano : Markus Hinterhäuser
Assistant scénographe : Matthieu Stefani
Chorégraphie :Jean-Christophe Maillot
Musique : Dimitri Chostakovitch
Dramaturgie : Jean Rouaud
Scénographie : Ernest Pignon Ernest
Lumières et Vidéo : Dominique Drillot
Costumes : Augustin Maillot assisté de Jean-Michel Lainé
Assistant Vidéo - 3D : Matthieu Stefani
Création à Moscou
Théâtre du Bolchoï, Nouvelle Scène
4 juillet 2014
Chorégraphie Ramon Reis
Tenor Gilles San Juan
Scénographie Antoine Loudot
Assistant Matthieu Stefani
Création à Monaco
Synonyme
21 juillet 2012
Chorégraphe Joseph Hernandez
Scénographie Jordan Pallages, Yannick Cosso, Vanessa Zarrouk, Xiao Wang et Matthieu Stefani.
Création à Monaco
Ballets de Monte-Carlo
2014
Chorégraphe Piotr Kcuzobicw
Scénographie Remi Lesterle et Matthieu Stefani
Lumière Piotr Kcuzobicw
Création à Monaco
Ballets de Monte-Carlo
2013
L’une des choses la plus intéressante dans cet opéra se révèle être aussi l’une des plus complexes : les transitions entre les actes. En complet accord avec cette musique si imagée, Appia eut une énorme rancoeur envers Wagner car selon lui, ces interludes ne pouvaient être scénographiés avec les règles de son époque.
Dans cette proposition les changements de décors qui correspondent aux interludes sont à vue. Comment passer alors du bord du Rhin à la profondeur de la mine, en passant par le plateau montagneux ?
J’ai pris le parti de traiter l’opéra comme une succession de monter et descente aussi bien visuel que mental. Un dédale d’escaliers « Escherien » contenu dans une boite en mouvement, circonscrit dans une la boite noire.
Autant de face que d’actes, autant d’interludes que de transition, autant de changement de décors que de
rotation, autant d’ascension que de descente, des grottes à l’arc en ciel, du Valhalla au Nibelung..